Le mot «re» implique déjà le caractère réflexif du projet, qui est présent dans la dénomination et se voit comme un «groupe de réflexion pour les questions non seulement de la photographie contemporaine, mais aussi du rôle de son musée aujourd’hui». Quels sont les sujets abordés?
L’exposition est conçue comme un laboratoire de pratiques muséales et curatoriales. Après avoir lu les dossiers des artistes, nous avons identifié 4 axes, qui ont à leur tour servi d’architecture à l’exposition : Engagement, diffusion numérique, égalité et genre et écologie.
Le premier axe est la question de l’engagement et de la forme qu’il devrait prendre aujourd’hui dans le soutien aux photographes. La question de la protection de l’environnement est également devenue rapidement un sujet clé, tout comme la question de l’égalité des sexes dans le domaine de la photographie. Enfin, les questions soulevées par la distribution numérique, le partage des données et la manière dont les algorithmes influencent nos décisions nous ont également paru centrales.
«Il ne s’agissait pas de voir ce que le Musée de l’Elysée avait fait pendant 20 ans, mais ce que la photographie pourrait être dans 20 ans».
La question du rôle écologique du musée est à l’ordre du jour : reGeneration4 est la toute première exposition neutre en CO2. Qu’est-ce que cela signifie, et que devrions-nous en tirer pour la photographie de demain?
Nous avons interrogé chaque étape de la production de l’exposition (encadrement, impression, transport, guide du visiteur, ouverture, etc.) pour prendre conscience de nos pratiques et voir si nous pouvons réduire leur impact sur les émissions de CO2. Nous avons remarqué que les photographes étaient très ouverts pour discuter de la forme de leur travail, qui devrait finalement être plus responsable sur le plan écologique. Nous devrons probablement introduire ce dialogue avec les artistes dans nos habitudes afin de transformer également certaines idées préconçues, comme la priorité du grand format.
Il ne fait aucun doute que tous les efforts doivent être faits pour que les appels à candidatures de ce type ou les concours pour un prix, par exemple, soient accessibles à tous. Si nous pouvons nous efforcer d’assurer l’égalité des chances dès le début du processus sans recourir aux quotas pendant la procédure de sélection, et s’il s’agit d’un réflexe plutôt que d’une contrainte, nous pourrions jouer notre rôle dans ce domaine extrêmement important. Notre appel à candidatures stipulait donc qu’un nombre égal de photographes féminins et masculins devait être proposé.
En réponse aux débats actuels, reGeneration4 est également tournée vers l’avenir. Quels sont les principaux défis pour les photographes suisses?
Cela concerne probablement tous les artistes, et pas seulement les photographes suisses. Une question importante qui a été soulevée dans les réponses à notre questionnaire était l’économie de la profession. Nous ne pouvons plus répondre à un artiste qui, simplement en exposant ses œuvres, lui garantit un retour sur investissement. Le monde de la presse paie moins qu’avant, le marché est saturé. L’engagement du musée de l’Elysée sur cette question a conduit à l’élaboration d’un barème permettant de rémunérer de manière équitable et systématique tous les artistes participant à une exposition collective, en plus des coûts de production et d’acquisition, qui sont également pris en charge par l’institution.