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14.11.23 retour
FUJIFILM Discovers – Aller et retour au sommet
Niklas est photographe et vidéaste, et ses histoires l’emmènent souvent à travers des paysages de montagnes. En juin 2023, il se met en route pour gravir le Fletschhorn. Il emporte avec lui le X-H2, qui enregistrera les moments les plus intenses de cette ascension alpine pour son reportage photo. Il raconte une histoire pleine de temps forts et explique la rigueur d’une telle aventure au cœur des nuages.
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Niklas Eschenmoser
Mes débuts en photographie m’ont emmené très tôt dans les montagnes. Au cours de mes excursions, j’ai été frappé par les conséquences du changement climatique sur la nature et notre environnement vital. Depuis, je me consacre à des représentations visuelles des interactions entre société et nature. Je raconte ces histoires en tant que photographe et vidéaste dans des projets personnels, mais aussi en collaboration avec diverses entreprises, ONG et journaux.
Une aventure photographique en montagne, avec un pro à mes côtés
J’ai une grande expérience de la montagne, mais les ascensions ambitieuses représentent toujours pour moi un nouveau défi. C’est pourquoi, pour ce projet, j’ai décidé de faire appel à un guide de haute montagne. Partir avec un·e guide présente l’avantage de me permettre de me concentrer sur la photographie. Nous avons longtemps cherché un itinéraire isolé et peu fréquenté mais qui soit aussi intéressant d’un point de vue photographique. J’avais auparavant déjà travaillé avec Tim Marklowski et je n’avais aucun doute qu’il saurait me guider à travers cet environnement gris.
Quand l’incertitude s’immisce : est-ce que tout va bien se passer ?
Je ne suis pas certain que tout se déroulera sans le moindre accroc, ni du point de vue des conditions extérieures, ni de ma condition physique. L’itinéraire que nous avons choisi est exigeant et je dois en plus faire des photos saisissantes. Nous étions convenus au départ d’attendre de voir comment ça se présentait. S’il fallait annuler l’ascension, ce ne serait pas la fin du monde.
Ascension du Fletschhorn par la face nord et jusqu’au sommet
Du haut de ses 3 986 mètres, le Fletschhorn ne fait pas partie des 4000, c’est pourquoi il est très peu visité. En outre, la nuit passée dans un bivouac rustique ajoute encore au caractère du site. C’est Tim, mon guide, qui a fait le choix de la face nord pour notre route. Cette décision me laissait perplexe, mais je voulais me challenger et tenter l’aventure. Les conditions d’une ascension par la face nord doivent s’aligner, c’est pourquoi l’expédition doit se faire au début de l’été, quand il y a encore de la neige sur la paroi. La paroi doit geler la nuit pour que nos pieds tiennent dans la neige.
L’itinéraire commençait à la halte du village de Simplon avant de nous emmener sur 1 400 mètres de dénivelé, en cinq bonnes heures à travers une vallée sauvage, vers le refuge du Bivacco de Zen. Le lendemain, départ à quatre heures du matin pour escalader la pente de 40 à 55 degrés de la face nord, sur 880 mètres de dénivelé, jusqu’au sommet du Fletschhorn. Pour redescendre vers le bivouac, nous avions choisi le Breitloibgrat avant de rejoindre enfin dans la vallée. Le jour de l’ascension, nous avons bien passé 12 heures sur les chemins.
J’avais emporté mon Fujifilm X-H2 avec les objectifs 10-24mm f4, 23mm f2 et 55-200mm. Pour l’ascension, j’avais laissé le téléobjectif au bivouac. L’itinéraire nécessitait d’emporter deux pics à glace en plus de l’équipement d’alpinisme habituel. Le poids est un élément essentiel et nous n’avons emporté que le nécessaire.
Des simulations de films pour un éventail de couleurs plus douces.
J’ai pris mes photos avec la simulation de film PRO Neg. Std, même si j’ai finalement utilisé les raws, parce qu’il était difficile, pendant l’ascension, de trouver l’exposition qu’il me fallait. Je trouvais les couleurs douces et désaturées de cette simulation de film intéressantes. J’ai ensuite chargé les simulations de film dans Capture One, retravaillé un peu les photos et ajouté pour certaines un bruit « argenté ».
Tester ses limites lors d’un voyage photographique dans l’inconnu
La montagne est pour moi un inépuisable terrain de jeu, qui me permet de prendre un chemin sans savoir où il me mènera. De telles aventures permettent de relativiser les problèmes du quotidien. C’est l’occasion d’explorer ses propres limites.
Les environs du Fletschhorn sont la promesse de paysage uniques, intacts et sauvages. Je veux prendre une série de photos qui raconte les différents aspects d’une expédition comme celle-ci, en montrant son point culminant, bien sûr, mais aussi les incertitudes, les inquiétudes. La série doit être brute et subir le moins de retouches possibles. Je n’ai pas vraiment idée de ce que donneront les photos. Le résultat photographique qui en découlera m’est inconnu.
La météo donne le tempo : fascination et défis d’une ascension exigeante
C’est le paysage en lui-même qui m’a le plus séduit. J’étais fasciné par les montagnes couronnées de nuages et cette brume qui va et vient constamment. C’était un sentiment très singulier, de se tenir là-haut, comme si je n’avais rien à faire dans cet environnement si rude. C’est pour moi un privilège d’avoir pu y aller.
Le soir, le temps s’est couvert et il s’est mis à pleuvoir. Notre redescente de la paroi se faisait de plus en plus incertaine. Nous devions aussi faire fondre de la neige pour avoir suffisamment d’eau, mais le froid avait eu raison de notre réchaud. Tim a donc dû se frayer un chemin à travers un champ de neige exposé aux chutes de pierre pour trouver un ruisseau.
Le passage s’est malgré tout bien déroulé et les conditions étaient étonnamment bonnes. Dans la partie la plus basse, il nous a fallu avancer rapidement, avant que le soleil ne touche la paroi et que d’autres pierres ne se détachent. Ça n’a pas été facile. Je devais me concentrer entièrement sur le chemin. Je n’avais ni temps ni énergie à consacrer à la photo.
La descente par le Breitloibgrat n’était pas balisée et, entretemps, la neige avait fondu et était devenue molle. Le soleil tapait fort et il fallait beaucoup d‘énergie et de concentration pour avancer à travers la neige profonde. En outre, Tim s’est coincé la main dans une pierre disjointe en descendant et elle s’est mise à gonfler dangereusement. Il s’est ensuite avéré qu’il s’était cassé la main.
Le X-H2 et des objectifs performants : exploit photographique en montagne
Les photos sont étonnamment bien sorties, bien que j’aie à peine pu me concentrer sur mes prises de vue. À cet égard, l’appareil s’est vraiment très bien comporté parce qu’il m’a permis de faire mes photos tout en vivant pleinement les instants. J’apprécie beaucoup le format compact de l’appareil, associé à un capteur haute résolution. Le X-H2 s’est vraiment distingué comme l’appareil idéal pour les expéditions de haute-montagne.
L’objectif 10-24mm f4 se prêtait particulièrement aux prises de vue grand angle sur la paroi, et le 23mm f2 était parfait pour les photos de reportages pendant l’expédition et dans le refuge. J’ai pu prendre des photos à la main à l’heure bleue, juste avant le lever du soleil, grâce à une grande ouverture. Le 23mm présente une focale incroyablement polyvalente et le 55-200 m’a permis de prendre des photos exceptionnelles de détails abstraits du paysage.
Expédition inoubliable et appareil parfait : des photos de reportages saisissantes
L’équipement choisi était absolument parfait, l’objectif 23-mm, très compact, était vraiment génial. Sur la paroi, le grand angle 10-24mm a été très pratique. J’aurais probablement pu laisser le téléobjectif à la maison car la série était surtout pensée comme un reportage et moins comme des photos de paysage.
La question d’une nouvelle ascension par la face nord reste en suspens. Je ne me suis rendu compte qu’après coup de ce que nous avions accompli et de l’extraordinaire expérience qu’une expédition pareille représentait.
Tout le reportage
Photos & texte : Niklas Eschenmoser
Guide de montagne: Tim Marklowski
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